Mais où sont les Carnavals d'antan?

Publié le 22 Février 2012

 

Carnaval n'est pas une fête religieuse. Plutôt bien païenne au contraire. Avant l'entrée en Carême, soit en carême-entrant, d'où vient le nom de caramantran donné à l'effigie du carnaval que l'on promenait dans les rues du village tel un roi de pacotille avant de le brûler plus loin derrière la cave coopérative sur l'aire de battage de la Péranasse .

Enfant, je n'aimais pas ce personnage laid, grossièrement caricatural et de vulgarité répugnante. Il ne m'inspirait que peur et frayeur et je ne comprenais pas cette quasi-dévotion que les adultes semblaient lui vouer.

Quelques année plus tard, cela se passait au début des années 50, je me souviens non plus de ce semblant de majesté dérisoire qui défilait dans nos rues mais des charrettes verdoyantes, décorées de lierre, de palmes, de branches de pin et de laurier sauvage. Chaque char avait un thème, évoquait soit un pays, une tradition comme la corrida, ou l'actualité d'alors, qu'illustraient plus ou moins bien des costumes colorés de circonstance en tissu de doublure satinée, avec quelques  accessoires en papier crépon pour évoquer parfois une chanson ou une rengaine à la mode.Une occasion aussi pour sortir des armoires et cartons les anciennes tenues comme les habits queues de pie, les chapeaux claque, le tout dégageant des relents de naphtaline.  Il y avait aussi bien sûr le char de la jeunesse où les politiciens du moment étaient brocardés. Je revois encore un carnavalier d'alors asperger la foule avec un biberon de lait, tournant en dérision la mesure du gouvernement d'alors, celui de Mendès France, instaurant en  1954 la distribution de lait dans les écoles. Curieusement si j'ai oublié avoir bu du lait à l'école  je me souviens par contre de cette élucubration carnavalesque... 

 

Plus tard encore, à la fin des années 50, les choses sont devenues vraiment sérieuses et les fleurs en papier crépon ont remplacé le lierre. Dans chaque quartier, passé Noël, on occupait les soirées d'hiver à préparer un char fleuri. Ainsi le quartier haut décida d'honorer la plus charmante des filles du voisinage pour laquelle parents et amis confectionnèrent un immense panier fleuri sur lequel trônait la fleur des fleurs du village, reine de beauté du carnaval. C'en était fini du caramantran et de sa laideur répugnante, place à la jeunesse, aux fleurs et à leur beauté. J'avoue être plutôt d'accord avec cette vision-là des choses et me trouvais plus que jamais en phase avec les artisans de ce carnaval qui connut rapidement un succès d'affluence qui faisait la fierté de tous les gens de ce petit pays qu'était alors le village...

 

Carnaval et sa cavalcade malgré la foule venue de partout  n'ont pas résisté à la disparition progressive des viticulteurs. Sans le vin, raison d'être du village d'alors, carnaval a perdu son âme et les habitants le goût de la fête.


Aujourd'hui carnaval existe toujours, mais a lieu plus tard dans le printemps, ce qui lui enlève une bonne part de son sens. Il reste certes cette fête malgré tout joyeuse et colorée pour les enfants qui ce jour-là s'habillent en princesse ou en zorro et paradent encore sur des chars fleuris sans rapport cependant avec ceux d'antan. Il est vrai qu'à l'heure des consoles de jeu et autres produits high tech qui envahissent l'univers des jeunes, faire la fête a pris un tout autre sens.

Mais où sont donc les carnavals d'antan?

 

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Beaulieu, carnaval fin des années 50, début des années 60. La pagode chinoise.

 

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Cette année-là, De Gaulle reçoit Kennedy. La Joconde, malgré les craintes des spécialistes, est exceptionnellement prêtée pour une exposition à Wahshington aux Etats Unis en 1963, où Malraux prononcera un discours resté célèbre.

 

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La reine du carnaval sur son panier fleuri. Ce char, entièrement réalisé par des bénévoles du quartier haut, souleva à l'époque l'admiration de tous. Bien plus beau en réalité que ce que le cliché donne à voir, il contribua à créer la réputation légendaire du carnaval de Beaulieu. De nombreux montpelliérains et habitants des villages voisins ou éloignés venaient alors voir le corso fleuri de Beaulieu qu'animait bruyamment de nombreuses fanfares. Tout le village vivait à l'heure de la fête. Ce souvenir reste encore comme un moment très fort de la vie du village dans la mémoire des indiens dont je suis...


 

Rédigé par Daniel

Publié dans #le village au fil des jours

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