Les larmes du vin et de l'olive
Publié le 3 Mars 2006
Triste anniversaire, celui de la gelée de 1956, c'était le 2 février, il y a tout juste 50 ans. Elle a fait fuir de nombreux agriculteurs vers la ville pour y travailler. Mes parents ont été pris dans cette tourmente. Ma vie d'enfant insouciant a basculé d'un seul coup dans l'univers incompréhensible des adultes. Seuls les gros propriétaires ont survécu et les jeunes qui ont repris le flambeau en produisant des vins d’appellation contrôlée. L’arrachage des vignes transformées en jachères a fait des dégâts sur le paysage, sans parler des sols pollués de plus en plus par le recours systématique aux produits chimiques. Difficile de mettre une photo de ma crèche pour illustrer cela. Pourtant, pour faire les rochers et les montagnes qui forment l'ossature du paysage de ma crèche, j'utilise des souches d'olivier qui avaient gelé en 56, qui se trouvaient encore au fond d'un roncier et que des amis m'ont données.
En 1956, même les oliviers ont gelé. Depuis ils ont repoussé et d'autres ont été plantés. A Sommières, pas loin du village il y a un moulin où on porte les olives pour en faire de l'huile. Roger Jouve, installé à Luynes à côté d'Aix, a fait en santons des ramasseurs d'olives, (la femme sur son échelle et celle à côté avec une corbeille d’olives). Pour reconstituer la scène des olives, j'utilise des branches de thym qui ressemblent un peu à des oliviers. Ma crèche c'est du rêve, du rêve construit sur des larmes.