Printemps en automne pour le 54ème Salon des Santonniers d'Arles
Publié le 16 Octobre 2011
Foires aux santons et marchés de Noël se multiplient.
L'équipe en charge de l'organisation du Salon des Santonniers d'Arles est en plein travail. Tout doit être prêt le 19
novembre prochain. Le Salon d'Arles créé en 1958 par un groupe de passionnés dont Marcel Carbonel a toujours pour mission de présenter les plus belles réalisations des santonniers provençaux et
de faire découvrir des crèches venues du monde entier en accueillant chaque année un pays en particulier. Cependant la question du rôle actuel d'une telle manifestation se pose à l'heure où les
foires aux santons et marchés de Noël se multiplient un peu partout pour la plus grande joie du public ravi de pouvoir préparer Noël dans une ambiance festive.
Petit rappel sur les origines.
Si la crèche est avant tout une représentation de la Nativité que l'on retrouve dans la plupart des traditions
populaires de presque tous les pays du monde, en Provence elle est devenue une quasi-institution débordant largement du cadre religieux pour célébrer un art de vivre fait de nostalgie du
passé et évocateur de figures de la vie locale ou de personnages célèbres qui ont oeuvré à la gloire du terroir.
Aujourd'hui, les santonniers provençaux sont les hériters d'un savoir-faire et d'une tradition qui a pris corps après la Révolution, quand, les églises étant fermées, la crèche a trouvé refuge dans les familles.
Après la foire de Marseille, d'Aix, la vague des marchés de Noël.
A Marseille, la foire aux santons créée en 1803 va pour la 209ème fois réunir 40 santonniers en plein centre ville du 19 novembre au 31 décembre. Elle est le symbole toujours vivant de l'attachement des provençaux à leurs traditions. Jean Baptiste Fouque, le père de Paul, crée celle d'Aix en 1934. D'autres n'ont pas tardé en suivre et depuis ces dernières années, elles se sont multipliées, portées par la vague des marchés de Noël, s'inspirant du succès des modèles alsaciens.
Au train où vont les choses...
Mais quand la foire devient un marché, le santon risque de perdre son âme en devenant une simple marchandise comme une autre, ce qu'il n'est pas, ou pas encore tant qu'il reste créé et manufacturé en Provence et non en Chine ou au Maroc, ce qui risque d'arriver au train où vont les choses.
Le salon International des Santonniers d'Arles: une nécessité.
C'est bien pourquoi une manifestation comme le Salon International des Santonniers doit à tout prix poursuivre sa tâche de défense et illustration de la tradition du santon et de la crèche provençale même si les santonniers privilégient leur présence sur des foires où ils vendent à des expositions artistiques qui au dire de certains ne leur rapportent pas grand chose hors une notoriété qui ne nourrit pas son homme. Ce qui est inexact, car avec 15000 visiteurs, le Salon d'Arles est riche lui aussi en retombées purement commerciales comme l'avouent les santonniers faisant l'effort de présenter des pièces originales recherchées par les collectionneurs et amateurs passionnés.
Un 54ème Salon des Santonniers riche en promesses et nouveautés.
Conscients de cette situation les responsables du Salon ont décidé pour la 54ème édition de raviver la flamme que Marcel Carbonel et les santonniers de cette époque ont allumé en 1958 en offrant à leur art un lieu d'exposition unique : le cloître et les salles de St Trophime, joyau d'architecture romane incomparable pour le plus grand plaisir des milliers de visiteurs venus du monde entier.
Ainsi est né le Prix du Meilleur Santon de l'année.
C'est pourquoi le Salon propose cette année des innovations de taille. Ainsi est né le Prix du Meilleur Santon de l'année, doté de 1000 € de prix pour les professionnels et 500 pour les amateurs créant une oeuvre originale sur le thème de la bugdière et de la poissonnière, 2 santons emblématiques de la crèche provençale. Le Salon d'Arles retrouve lui aussi les élans de sa jeunesse au souffle du printemps !
Rappel pour les santonniers retardataires. L'inscription pour le concours est possible jusqu'au 1er novembre.
Le cercle des santonniers disparus avec une exposition d'oeuvres de santonniers anciens ou disparus sur le thème de l'année, la poissonnière et la bugadière.
Ainsi est née aussi l'idée d'élargir le cadre du Salon en proposant à partir de ces deux figurines une exposition présentant aussi les oeuvres de santonniers provençaux anciens ou disparus. Le Salon élargit ainsi son champ visuel en proposant aussi des oeuvres du passé, à côté des oeuvres actuelles des santonniers en activité tout comme la présence de familles de santonniers se succèdant au fil des générations, auxquelles il est rendu hommage. Le lien est établi désormais avec l'ensemble des créateurs provençaux. Le cercle des santonniers s'étend aussi à celui des disparus. Il a été fait appel pour cela à des collectionneurs particuliers qui ont bien voulu préter des pièces particulièrement intéressantes et représentatives. Voilà qui devrait faire taire les mauvaises langues reprochant au Salon de faire la part belle aux crèches des "estrangers" au détriment de nos chers provençaux !
Une petite révolution : un quatuor de santonnières.
Petite révolution aussi que Phillipe Brochier, président du Salon et avide de découvertes, accomplit en silence en faisant appel cette année à un quatuor de femmes, deux qui reprennent un flambeau familial, Marylène Bourges et Fabienne Pardi, et deux autres, Karine Chaix d'Aubgne et Karine Fraisse des Fumades (Alès) qui ont choisi d'affirmer leur envie de création artistique en devenant santonnières à plein temps !
En cet automne 2011, à Arles les femmes prennent le pouvoir! On aimerait d'ailleurs que d'autres femmes
de talent ne soient pas oubliées,
notamment Sylvie de Marans, Isoline Fontanille, Lou Christou, Florence Guigue - plus connue sous le nom d'Arlatenco, Cécile Alverde «santons couleurs du sud», Florence Massota, Christine Nesensohn "Lou Christou"
- et surtout leur doyenne Eliane Smiglio.
Les îles de la Méditerranée.
Enfin, le pays invité, autre innovation, n'est pas un pays mais un ensemble d'îles : les îles de la Méditerranée. Pas toutes car Il y en a 150, mais celles réputées pour leur activité santonnière comme la Sicile, la Sardaigne, Malte, la Corse, Chypre, Baléares et Majorque. Intéressant de découvrir comment le santon est perçu autour du berceau méditerranéen qu'offre le rivage provençal. Ainsi seront exposés notamment les merveilleux santons d'Angela Tripi installée à Palerme en Sicile et toute une collection de scènes populaires signées Grasso, célèbre famille de santonniers siciliens.
Angela Tripi
Angela Tripi
Scène de rue, atelier Grasso
Le Salon est ouvert tous les jours , du 19 novembre 2011 au 15 janvier 2012
(sauf Noël et jour de l'an)
La 54ème édition s'annonce donc riche de promesses et de nouveautés.
Du 19 novembre 2011 au 15 janvier 2012
Clôitre St Trophime, tous les jours sauf 25 décembre et 1er janvier, de 10 h à 18 h.
Entrée : 3,50€ - réduit 2,60€ - gratuit moins de 18 ans
Un clin d'oeil sympathique et controversé que les puristes trouvent un peu trop racoleur pour ne pas dire autre chose... mais l'affiche rappelle pourtant avec un brin de malice que le santon est avant tout héritier d'un art populaire qui fait la joie des familles et des enfants.
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Le quatuor de santonnières:
Marylène Bourges de Saint Rémy pour rendre hommage à son père Laurent Bourges
Laurent Bourges au milieu de ses santons.
Fabienne Pardi de Saint Cyr sur Mer poursuit la belle aventure familiale
Karine Chaix d’Aubagne
Le petit monde de Karine Chaix
Karine Fraisse des Fumades
le potier d'Anduze - Karine Fraisse
à suivre...