Beaulieu, fidèle à la fête de sa chapelle, N. Dame de Pitié.
Publié le 9 Septembre 2010
La tradition veut que la Vierge de la chapelle du village, dédiée à Notre Dame de Pitié, soit célébrée le 8 septembre
La tradition veut que la Vierge de la chapelle du village, dédiée à Notre Dame de Pitié, soit célébrée le 8 septembre, le jour de la fête de la nativité de Marie, même si par commodité elle est déplacée au dimanche le plus proche, soit le 5 cette année. Les paysans d'alors, souvent pris par les vendanges, arrêtaient tout travail pour assister dès le matin à la procession partant de l'église du village, empruntant la route puis le chemin de pierre menant à la chapelle perdue dans ce coin de garrigue culminant sur le haut d'un plateau. Plus bas, à ses pieds, la plaine, jadis plantée de vignes presque toutes arrachées depuis belle lurette, s'étale vers Sommières avec les Cévennes au lointain comme fond de décor.
Le village a perdu pour toujours ce parfum suave de raisin pressé
Les années ont passé, des vendanges ne restent que le bruit assourdissant de quelques rares engins aux roues géantes qui, la nuit venue, avec leurs phares et girophares perçants détruisent chaque année un peu plus les souvenirs heureux du temps où la main d'oeuvre espagnole envahissait joyeusement nos rues de leurs cris et réveillait les maisons les plus modestes, oubliées le reste de l'année. Le village a perdu pour toujours ce parfum suave de raisin pressé et libéré de ses sucs par une fermentation déjà commencée. Les abeilles ne viennent plus s'enivrer de cet air mielleux et collant, douceâtre et écoeurant, mais aussi teinté d'un voile d'amertume qui planait dans l'air, contre lequel luttaient en vain les effluves sortant en nuages généreux de chaque coup porté à l'encensoir par la main ferme du curé concentré sur son office sur le chemin de la procession. Le crucifix de métal argenté enrichi de dorures que brandissait vers le ciel au bout d'un long manche l'enfant de choeur en aube blanche ne règne plus en souverain dans les rues du village. Et pourtant les villageois, pas forcément les plus dévots, sont restés fidèles à la fête de la chapelle, à ce lieu privilégié entre tous de nos promenades d'enfants où les femmes venaient, chapelet courant entre leurs doigts usés, marmonner leurs Ave Maria, assises en hiver sur un banc accollé contre le mur face au soleil, à l'abri des vents dominants.
Les vieilles orantes ne sont plus
Les vieilles orantes ne sont plus, leur voix s'est tue à jamais. La garrigue sauvage avec ses pins et ses tapis de thym, d'aspic et autres plantes aux vertus cachées, s'est laissée envahir depuis tout ce temps par des maisons de style convenu à la mode néo-languedocienne, par des clôtures et des pelouses engazonnées d'un vert qui sonne faux dans nos paysages tant pareille fraicheur est si inhabituelle sous nos climats.
Les paroles du prêtre révélant la dimension sacrée des choses
Notre curé pourtant, bien qu'installé depuis peu dans notre pays par la volonté de l'évêque, a vite compris, du moins je le crois, l'importance de ce passé. Il a su pendant la célébration de sa messe, parler de la chapelle, de la Vierge, des origines de Jésus, avec des mots parfois surprenants - prétants à sourire quand il évoque les Marie bougnettes et les goulamas - mais combien vrais, comme venus du plus profond d'une piété faisant corps avec ses lieux chargés d'histoire où nos racines sont toujours vivantes. Enfouies, oubliées, envahies parfois par les broussailles, elles ressortent pourtant au grand jour dans un élan de sincérite retrouvée, quand la violence des orages ravine la terre ou quand les paroles du prêtre révélant la dimension sacrée des choses appellent à changer notre regard sur elles.
la Vierge de la chapelle
détruite par la foudre dans les années 60. Elle représentait Notre Dame des 7 douleurs.
Bien des années après, une nouvelle statue, une Vierge à l'Enfant, au regard plutôt joyeux a été placée au-dessus du portail d'entrée par Yannick Casajus, alors curé du village.
A la fin de l'office, le Père
Patrice Sabater présente aux fidèles la photo de la maquette d'une nouvelle statue destinée à la véranda intérieure, représentant bien à nouveau Notre Dame de Pitié la main posée sur son coeur
exprimant sa douleur de mère mais aussi sa commisération.
L'apéritif sous la pinède.
Et la paella traditionnelle
cuisinée de main de maître par
deux chefs hors pair...
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Après le repas, à l'heure de la digestion, certains se penchent sur le passé à la recherche de la cloche qui aurait été enterrée dans un puits. Légende ou réalité, le mystère demeure.
Mais c'est bien là qu'ont été entérrées les statues en plâtre de l'église paroissiale quand le père Gérard Alzieu, dans la foulée du concile, a retiré toute la décoration d'origine datant des années 1860, bien trop sulpicienne, encombrante et sans valeur. Certes oui, mais les fresques de la voûte du choeur avec le ciel étoilé et l' inscription en latin sur l'arche central ne méritaient-elles pas de rester en place? Elles seraient aujourd'hui considérées comme une part non négligeable de notre patrimoine local.
L'eglise dans les années
1900